Qu'est-ce que
la médiation numérique ?
La « Médiation Numérique » désigne les ingénieries, c’est à dire les techniques, permettant la mise en capacité de comprendre et de maîtriser le numérique, ses enjeux et ses usages, c’est-à-dire développer la culture numérique de tous, pour pouvoir agir, et développer son pouvoir d’agir, dans la société numérique. Elle procède par un accompagnement qualifié et de proximité des individus et des groupes (habitants, associations, entreprises, élèves, étudiants, parents, professionnels…), dans une logique d’éducation populaire et de formation tout au long de la vie.
Il existe en France un réseau solide d’acteurs de la médiation numérique, qui oeuvre depuis près de 20 ans pour le développement actif de cette culture numérique au sein de lieux dédiés, appelés “espaces publics numériques”, “espaces multimédia”, “cyberbases”. Ce réseau est d’ailleurs assez unique en Europe, il s’est construit dans les années 2000 sous l’impulsion de politiques publiques très volontaristes mais aussi très ciblées sur les personnes jugées comme étant les plus “éloignés” du numérique. En 2000, l’enjeu principal était de disposer d’un ordinateur connecté pour accéder à de l’information. Ces politiques publiques raisonnaient en termes de fracture numérique. Il y avait ceux qui avaient un accès, et ceux n’en avaient pas.
Ces politiques publiques ont amené les acteurs de la médiation numérique à se placer en opérateurs de politiques publiques, portant une vision essentiellement réparatrice de la médiation numérique et financée à 100% par les acteurs publics, sans forcément se poser la question de leur modèle économique et de la pérennité des structures ainsi financées et des nouveaux publics à accompagner.
Or aujourd’hui le numérique est partout, il touche la quasi-totalité des activités humaines et l’enjeu est de faire en sorte que chacun en ait un usage conscient, maîtrisé, le plus encapacitant et créatif possible. C’est pourquoi, depuis quelques années, les acteurs de la médiation numérique sont rejoints par de nouveaux professionnels, qui voient leurs métiers se transformer avec le numérique.
Ces derniers font souvent de la médiation numérique sans le savoir, parce qu’ils sont confrontés à une demande croissante des publics. Médiathécaires, animateur en centres sociaux, agents d’accueil en mairie, fabmanager ou encore enseignants, ils élargissent leur palette d’activités et inventent de nouveaux modèles d’intervention.
Leur engagement réinterroge la fonction des lieux de médiation numérique, vers plus de proximité, d’ouverture et de polyvalence dans leurs activités. Ainsi, on parle désormais de tiers-lieux, parfois mobiles, plutôt que d’espaces publics numériques entre quatre murs ; d’innovation sociale et numérique autant que d’action publique ; de médiateurs numériques, de makers et hackers plutôt que d’animateurs multimédia.
Cela a pour conséquence que l’on sort du référentiel de la “ fracture numérique” pour aller vers celui de “numérique inclusif”. Ce référentiel de numérique inclusif mobilise des ingénieries de médiation dans de nombreux secteurs : socio-culturel et médico-social, formation professionnelle, éducatif, civic tech, open data et cybersécurité, fabrication numérique, etc.
Dans le même temps, nous sommes dans un moment où les financements publics changent de forme, et où en même temps les enjeux de développement de la culture numérique n’ont jamais été aussi importants. Dans ce contexte une alliance avec les acteurs publics et les acteurs du secteur privé prend forme et de nouveaux modes de financement émergent. Ils amènent les acteurs de la médiation numérique, qu’ils soient issus du secteur public ou privé, à repenser leur modèle d’activité.
De manière générale, les acteurs sont passés d’un mode d’action entièrement financé par les pouvoirs publics, à un mode d’action privilégiant le développement de nouvelles sources de financement, via le développement d’une offre de services ou de projets mixant financements publics et mécénat. Cela fait émerger un risque, celui de la mise en concurrence des acteurs de la médiation numérique qui maillent le territoire. Cela fait aussi émerger un besoin, celui pour les acteurs de coopérer pour mutualiser leurs ressources, leurs compétences et pour construire des réponses en commun, au défi partagé que sont les transitions numériques dans les territoires.
Dans ce contexte, 70 acteurs de la médiation numérique et la puissance publique se sont alliés pour donner naissance en 2017 à la SCIC La MedNum. La MedNum a pour mission de structurer le secteur de la médiation numérique et d’outiller les acteurs, pour faire changer d’échelle les solutions et dispositifs de médiation numérique qui disposent d’un potentiel économique. Pour cela :
– La MedNum accueille à son capital les acteurs de la médiation numérique au sens large ainsi que les collectivités, l’Etat et les grandes entreprises de l’économie numérique qui participent à construire, diffuser et partager des solutions. La MedNum offre un cadre unique de coopération entre tous ces acteurs.
– La MedNum mobilise les compétences métiers présentes dans les territoires, dans son réseau de sociétaires, afin d’apporter des solutions adaptées et territorialisées à ses commanditaires qui souhaitent agir à grande échelle. La MedNum apporte l’ingénierie, financière, projet, pédagogique, qui est nécessaire pour catalyser des coopérations autour de ces projets de grande ampleur.
La MedNum travaille dans une dynamique opérationnelle et coopérative, qui permet de répondre concrètement, main dans la main avec les acteurs des territoires, aux enjeux sociétaux du numérique.